[REC]

Un film de Jaime Balaguero et Placo Plaza, avec Manuela Velasco et Javier Botet, Espagne, 2007, 75 intenses minutes.


Il ne faut pas s’étonner de découvrir de plus en plus de films d’horreur tournés à la première personne. Dans la littérature d’épouvante, les personnages narrateurs pullulent. Les grands auteurs du genre, de Edgard Allan Poe en passant par H.P. Lovecraft jusqu’à Robert Louis Stevenson, ont tous employés cette technique. Avec [REC], Placo Plaza et Jaime Balaguero l’appliquent au septième art.

Une journaliste et son caméraman travaillant pour la télévision locale préparent un reportage sur le travail des pompiers. Appelés à secourir une vielle dame habitant dans un immeuble à logement, les pompiers tombent face-à-face avec un zombi affamé. Enfermés dans l’édifice par les autorités qui craignent une épidémie, les pompiers, journalistes et résidents doivent lutter pour leur survie contre la menace morte vivante.

Pas facile le métier de journaliste...
Pas facile le métier de journaliste…

Plus intense et terrifiant que ces prédécesseurs, la production espagnole [REC] exploite à merveille les possibilités de la présence d’un personnage filmant l’action. L’élimination du narrateur omniscient qu’on retrouve dans la majorité des long métrages narratifs procure d’emblée au film une forte impression de réalisme. Ceci masque les nombreuses incohérences de l’histoire. Dans le même ordre d’idées, il n’y a pas de crédits d’ouverture. De cette façon, rien ne laisse présager qu’il s’agit d’une fiction. Les cinéastes Placo Plaza et Jaime Balaguero exploitent à merveille l’absence de montage entre caméras pour évoquer une menace provenant de l’extérieur du cadre. L’effet de choc, lorsque apparaissent à l’écran des créatures hurlantes, fait sursauter à chaque occasion.

Au-delà des frayeurs forcées, le scénario parvient à empiler les problèmes sur les protagonistes. Piégés dans l’édifice avec un nombre toujours croissant d’enragés dangereux, leurs chances de survie tendent vers zéro. Il s’installe ainsi une atmosphère fataliste singulièrement angoissante. Plus le film approche de sa conclusion, plus les attaques se multiplient. À couper le souffle, se gruger les ongles et souiller son pantalon, les trente dernières minutes de l’oeuvre sont presque insupportables.

En voilà une qui a besoin de Ritalin
En voilà une qui a besoin de Ritalin

Le jeu parfaitement naturel des acteurs et actrices ajoute à l’impression de réalisme. Même son de cloche du côté des effets spécieux. Leur excellence contribue à la crédibilité de ce fantastique film d’épouvante. Lorsque un zombi mord une victime et lui arrache un bout de chair, on y croit.

Si vous n’êtes pas encore vendus au concept de films d’horreur tournés à la première personne (Cloverfield, Blair Witch Project), peut-être que [REC] vous convaincra.