Un film de Robert Wise, avec Michael Rennie, Patricia Neal et Billy Gray. États-Unis, 1951, 92 minutes. (V.F. Le jour où la Terre s’arrêta)
« Bonjour mesdames et messieurs. Cette émission radio-télévisuelle a pour but de vous transmettre les plus récentes informations concernant un phénomène extraordinaire… l’arrivée d’un vaisseau spatial à Washington! »
Tel est, en une phrase tirée du film, l’élément déclencheur de The Day the Earth Stood Still. Abordée avec un sérieux indéniable par le réalisateur Robert Wise, cette prémisse fantastique permet de décrire la peur de l’arme nucléaire ressentie par les Américains au début des années 50.

De la soucoupe volante sort Klaatu, un émissaire extraterrestre à la forme humaine et Gort, un robot aussi dangereux qu’indestructible. Ils ne demandent qu’à parler aux représentants des Nations-Unis mais les fonctionnaires américains, dans toute leur sagesse, s’y opposent stupidement. Pour partager son message, Klaatu n’a d’autre choix que d’échapper à ses hôtes et se mêler à la population terrienne.
Michael Rennie campe l’homme d’un autre monde de manière sympathique. Pour un extraterrestre, il se montre plutôt humain. Il va jusqu’à se lier d’amitié avec une veuve nommée Hellen Benson. Ses connaissances scientifiques sont inversement proportionnelle à ses connaissances des codes sociaux humains. Cet écart donne lieu à quelques échanges amusant avec Bobby, le fils de Helen. D’ailleurs, faute d’avoir des séquences d’action excitantes, le film s’appuie sur de brillantes répliques telles que: « Ce n’est pas la foi qui permet des découvertes scientifiques. C’est la curiosité. » ou « Je n’ai pas de patience avec l’idiotie ».

Produit de son temps, l’oeuvre mise sur une trame sonore aux accents de thérémine pour dicter une ambiance spéciale. L’impeccable direction photo en noir et blanc s’appuie sur des éclairages soignés et expressifs pour accentuer les éléments dramatiques. Quant aux trucages, ils se révèlent certes rudimentaires. Néanmoins, ils demeurent efficaces. Le dangereux robot capable de désintégrer tous ses ennemis et la soucoupe volante qui plane au dessus de Washington D.C. auraient pu sembler complètement ridicule dans des mains moins expertes.
Sachez que pour ces raisons, The Day the Earth Stood Still mérite d’être vu. Par contre, je tiens à souligner un élément qui m’agace concernant la conclusion. N’en lisez pas davantage si vous ne voulez pas connaître la fin de ce film produit il y a 57 ans. Klaatu partage des traits communs avec le Christ. Il meurt et revient à la vie pour faire la morale à l’humanité. Par contre, son appel à la paix s’accompagne d’un avertissement: si des missiles nucléaires sont lancés, la Terre sera anéantie par les policiers de l’espace. Le beau message chrétien se voit déformé ainsi: aimez-vous les uns les autres, sinon je vous tue. Vous en conviendrez, ce n’est pas convaincant comme sermon…