The Day the Earth Stood Still

Un film de Stott Derrickson, avec Keanu Reeves, avec Jennifer Connelly et Jaden Smith. Etats-Unis, 2008, 90 minutes. (V.F. Le jour où la Terre s’arrêtera)


Depuis des années, les principaux studios américains préfèrent financer des remakes de films à succès ou des adaptations de produits connus (bandes dessinées, jeux vidéo, manèges de parc d’attractions) plutôt que d’investir dans des projets originaux. En recyclant de la sorte les idées, ils n’arrivent qu’à gaspiller de la pellicule. The Day the Earth Stood Still se veut un exemple éloquent de cette mode inquiétante. Ironiquement, la mise-à-jour de son sujet évacue le discours sur la Guerre Froide au profit d’un plaidoyer contre la pollution.

Helen Benson (Jennifer Connelly) et Klaatu (Keau Reeves)
Helen Benson (Jennifer Connelly) et Klaatu (Keau Reeves)

Keanu Reeves joue Klatu, un extraterrestre rationnel envoyé sur Terre dans une grosse bulle pour évaluer la situation écologique. Il s’aperçoit rapidement que les homos sapiens nuisent à leur environnement et menacent même la survie de la planète. Afin d’orchestrer l’élimination de l’humanité et sauver la faune et la flore, il déploie un robot géant capable de se transformer en un essaim d’insectes ravageur (pour vrai!). L’astro-biologiste Helen Benson (Jennifer Connelly) et son fils adopté (Jaden Smith) entendent bien convaincre l’émissaire des étoiles de la valeur de leur espèce. Or, c’est difficile d’y arriver quand l’armée américaine menée par Kathy Bates multiplient les violentes et futiles attaques contre le diplomate spatial.

Reeves reprend à toutes fins pratiques son rôle de Sauveur initié dans The Matrix. Comme c’était le cas dans le film de Robert Wise, Klaatu représente le Christ. En plus de se sacrifier pour nos péchés, il porte des stigmates aux mains et effectue des miracles comme ressusciter les morts et marcher sur l’eau. Toutefois, l’angle religieux cadrait un peu mieux dans le contexte de l’histoire originelle. L’appel à l’amour universel peut calmer les esprits en temps de Guerre Froide mais se révèle inefficace pour régler les problèmes environnementaux. Pire, la philosophie judéo-chrétienne qui place l’homme au sommet de la création et lui assujettit toutes les créatures du globe justifie la surexploitation des ressources naturelles.

Dire qu'ils viennent de terminer sa construction!
Dire qu’ils viennent de terminer sa construction!

Scott Derrickson réalise son long métrage d’une manière banalement efficace. D’abord, il facilite sa production en permettant de nombreux placements de produits. Ensuite, il dicte une cadence rapide à son film et la maintient du début jusqu’à la fin. Ce rythme soutenu n’autorise ni temps morts, ni développement de personnages. Aussi, il laisse beaucoup de places aux techniciens des effets spéciaux pour qu’ils réussissent leurs quelques tours de magie. Enfin, comme l’illustre Michael Bay, il manifeste une fascination pour les derniers gadgets militaires et sait les mettre en valeur.

Malgré cette perte de temps, la Terre continuera de tourner et Hollywood continuera de polluer. Imaginez tout le plastique nécessaire pour placarder les murs des clubs vidéo de ce produit à la morale écologique. Ne soyez pas dupes de cette hypocrisie et évitez The Day the Earth Stood Still.