Teenagers from Outer Space

Un film de Tom Graeff, avec David Love et d’autres acteurs qui ont mis fin à leur carrière après ce navet, États-Unis,1959, 72 minutes.


Attention aux adolescents de l’espace intersidéral! Vous les reconnaîtrez à leurs combinaisons ornées de grands V blancs et leurs coiffures impeccables. Si vous tentez de nuire à leur élevage de homards géants, ils vous foudroieront avec des rayons désunificateur de matière. Avant de les juger, vous devez comprendre qu’ils proviennent d’un monde différent du nôtre. Nés dans une société où les enfants ne connaissent ni leurs frères, ni leurs parents, où les faibles et les malades sont exécutés et où la lecture est interdite, ils sont conditionnés à tuer un chien s’il aboie. Malgré cela, sont-ils si différents de nous? Sont-ils insensibles à la peur, au remords et à l’amour? Pour le savoir, vous devrez visionner Teenagers from Outer Space.

Attention au faisceau désunificateur de matière!
Attention au faisceau désunificateur de matière!

Loin, très loin, d’être un classique de la science-fiction au même titre que The Day the Earth Stood Still, War of the Worlds ou Forbidden Planet, le film écrit, cadré, coupé et mis en scène par Tim Graeff demeure plutôt divertissant. Il se déroule à un rythme soutenu, mise sur des trucages ludiques et compte des répliques délicieuses.

La première partie de Teenagers from Outer Space décrit une chasse à l’homme (ou à l’extraterrestre) entre un déserteur sensible et un militaire à la gâchette facile. En plaçant deux personnages qui se pourchassent dans un monde qui n’est pas le leur, ce long métrage de science-fiction s’inscrit à l’aval d’un courant qui amena, bien des années plus tard, Terminator, Warlock, Highlander et The Hidden.

Il élimine la chair, conserve l'ossature!
Il élimine la chair, conserve l’ossature!

La deuxième partie se concentre sur la terreur qu’inspire à la population l’apparition d’un immense crustacé. Jadis, il y avait trois façons de créer l’illusion que rôde une créature gargantuesque. On pouvait animer, image par image, une marionnette comme dans King Kong, déguiser un homme en bête et le placer au coeur d’une maquette comme dans Godzilla ou utiliser une tireuse optique pour superposer deux plans à des échelles différentes comme dans The Giant Gila Monster. Le homard de Teenagers from Outer Space a été réalisé en appliquant maladroitement cette troisième approche. La bête se révèle soit trop translucide, soit trop opaque. Ainsi, les victimes semblent être attaquées par un fantôme ou une ombres chinoise. Ces trucages ne sont pas les seuls à être drôlement peu crédibles. Vous rigolerez en constatant que le pistolet du traqueur transforme instantanément ses victimes en squelettes. Lorsqu’il l’emploie, il ne semble pas viser une cible mais bien tenter de refléter de la lumière vers la caméra.

À utiliser seulement sur des homards géants
À utiliser seulement sur des homards géants

Le jeu des acteurs est uniformément mauvais. Je m’étonne de ne pas les voir lever les yeux vers le ciel quand ils débitent leurs répliques tant ils semblent réciter des textes appris par coeur. Néanmoins, la qualité de l’interprétation est à la hauteur de la qualité des dialogues rédigés. Le monologue qui lance le film, exprimé par un astrologue qui vient d’appercevoir un OVNI, illustre bien le talent limité du scénariste: «  Mon imagination me joue des tours. Ça me fait réaliser à quel point la Terre est désespérément seule; flottant dans l’espace comme une graine de nourriture au milieu de l’océan, prête à être dévorée par une créature qui passera par là…  ».

Amateurs de productions risibles, vous trouverez en Teenagers from Outer Space de quoi vous satisfaire. 50 ans après sa distribution initiale, ce film culte au budget minuscule continue de fasciner au point d’inspirer la création d’un site web (TomGraeff.org) et d’un documentaire (The Boy from Out of This World).