Un film de et avec Panna Rittikrai. Thailande, 1984, 94 minutes.
20 ans avant que son protégé, Tony Jaa, n’enflamme les écrans du monde entier par sa performance époustouflante dans Ong Bak, Panna Rittikrai tournait son premier long métrage: Gerd Ma Lui (alias Born to Fight). Peut-être en raison du budget limité, peut-être pour cause de mégalomanie, le réalisateur décida d’en tenir aussi le rôle principal. Toujours est-il qu’il en résulte un film aussi spectaculaire que troublant.

Athlète accompli, Panna Rittikrai maîtrise les arts martiaux comme pas un. Il combine la vitesse de Bruce Lee avec l’agilité de Jackie Chan. D’ailleurs, lors de sa séquence d’introduction, on le voit reprendre les styles de ces deux icônes pour impressionner des enfants. Cette scène est si charmante qu’on en vient presque à oublier qu’il encouragea quelques moments plus tôt ces gamins à se battre au couteau…
Au-delà des habilités exceptionnelles du protagoniste, ce qui est le plus frappant durant les combats c’est que les impacts ne sont pas simulés. Les cascadeurs absorbent vraiment les coups (souvent avec leur face). Si jamais vous en doutez, le monteur s’assure de vous le prouver en offrant des reprises, au ralenti, des contacts les plus violents.

Compte tenu du budget dérisoire de la production, j’ai peine à croire que les artisans du film ont été payé davantage que quelques bahts pour chaque commotion cérébrale encaissée. Je suspecte aussi qu’ils n’étaient pas couvert par de généreuses assurances. Or, quand vient le temps de risquer sa santé, voire sa vie, Panna Rittikrai ne cède pas sa place. Dans une cascade complètement folle, le cinéaste trompe-la-mort fonce à pleine vitesse avec une moto dans un pick-up garé, rebondit sur le toit et vole par dessus la boîte pour finalement atterrir lourdement sur la route. Aussi spectaculaire soit-elle, cette acrobatie à moto n’est même pas la plus ahurissante du film. J’éviterai de la décrire dans le détail pour ne pas vous gâcher le moment, mais sachez que c’est le genre de sortie de route dont on ne se relève pas indemne.
Somme toute, Born to Fight intéressera assurément les amateurs de sensations fortes. D’un point de vue dramatique, le film est aussi médiocre qu’un film porno. Toutefois, comme ces productions aussi mal vues que populaires, l’intérêt de Born to Fight ne réside pas dans ce qu’il raconte mais bien dans ce qu’il montre. Et à ce niveau, on ne peut reprocher à Panna Rittikrai de ne pas nous en donner pour notre argent.