Haunts

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Un film de Herb Freed, avec May Britt, Cameron Mitchell et Aldo Ray. 1977, 97 min.


Lorsqu’un film ne bénéficie pas d’un gros budget de promotion, il arrive qu’il tombe injustement dans l’oubli. C’est le cas de Haunts, un thriller psychologique réalisé par Herb Freed et distribué en 1977.

En vérité, il n’y a pas que le budget de promotion qui était limité pour cette production. Faute d’avoir des sommes imposantes à dépenser sur des trucs sophistiqués comme des décors, des costumes ou des équipements d’éclairages, le réalisateur concentre son attention sur ce qu’il peut contrôler: le scénario, le montage, la direction d’acteur et la trame sonore.

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L’intrigue co-écrite par Freed et Anne Marisse (Graduation Day) se déroule dans une petite communauté côtière américaine aux prises avec un tueur en série armé d’une paire de ciseaux. Le shérif du village est dépassé par les évènements et ne peut empêcher que Ingrid, une fermière habitant seule avec son oncle, soit attaquée par le psychopathe. Battante, elle contre l’agression. Toutefois, ce traumatisme éveille en elle un souvenir lointain. Quel lien existe-t-il entre son enfance et le tueur masqué?

La structure du film s’appuie sur un modus operandi à la fois efficace et peu original: les retours en arrière. Entre les efficaces scènes de meurtre, de procédures policières et de chasses poursuites propres au genre, le suspense est ponctué d’une série de réminiscences toujours un petit peu plus longues et précises qui viennent expliquer l’état mental trouble de la protagoniste. Là où le film m’a étonné et plu, c’est dans son aptitude à m’inciter à me créer des attentes avant de les déjouer habilement. Par exemple, la première séquence de souvenirs survient alors que la fermière trait une chèvre. Elle revoit alors un couple s’enlaçant dans un lit. À cet instant, je m’imaginais qu’elle se remémorait un doux moment d’intimité. Pour sûr, je m’étais fourvoyé. Il s’agissait plutôt de sa… Hum… Je vous laisse le découvrir vous même.

Cet effet de surprise est en partie dû au montage qui laisse filer l’information au compte goutte et en partie dû au jeu efficace des acteurs. Au sein de ce long métrage, on ne retrouve aucune célébrité. Cameron Mitchell, le viking préféré de Mario Bava (Erik the Conqueror, Knives of the Avenger), porte le nom le plus connu de tous le membres de la distribution.

Cameron Mitchell: Chut!
Cameron Mitchell: Chut!

Ça ne veut pas dire que les acteurs et actrices apparaissant au générique de Haunts manquent de talent… Dans le rôle principal, May Britt (potin: elle épousa Sammy Davis Jr en 1960 et divorça en 1968) fait preuve de courage pour exposer sa vulnérabilité. C’est un rôle difficile, qui demande qu’elle se mette à nue figurativement et littéralement. Et elle relève le défi avec brio.

Enfin, la musique composée par Pino Donaggio est tout simplement sublime. L’année précédente, il créait la trame sonore de Carrie. L’année suivante c’était celle de Piranha. Avec ces mentions à son CV, on constate qu’il était l’un de meilleurs à évoluer dans le monde du film d’horreur à cette époque. Il signe ici un autre bijou, une musique à la fois angoissante et mélodique.

Certes, Haunts n’est pas un chef d’oeuvre. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un film adroitement assemblé, misant sur un scénario à la fois intelligent et imprévisible. L’histoire du cinéma a peut-être oublié ce film, mais si vous osez le regardez, vous ne l’oublierez pas.