Giant of Metropolis

Un film de Umberto Scarpelli, avec Gordon Mitchell et Roldano Lupi. Italie, 1961, 90 min.


Quel étrange mélange de science fiction, de dystopie et péplum que ce film de Umberto Scarpelli!

20 000 avant le miracle de Bethléem, un barbare costaud, Obro (Gordon Mitchell) s’aventure en Atlantide pour prévenir les autorités de la Métropole des dangers de leurs expériences scientifiques. Les citoyens, assujettis à un despote contrôlant leurs esprits par hypnose, demeurent plutôt insensibles au prophète de malheur. Prudent, Yotar (Roldano Lupi), le méchant roi, entreprend de martyriser le messager.

Toutefois, plus il malmène l’étranger, plus il réalise que ce dernier possède une force hors du commun. Il planifie alors de jumeler cette puissance à la sagesse de son ancêtre et la jeunesse de son fils unique pour créer un être parfait et immortel.

Voilà là un concept franchement intéressant. On ne peut qu’applaudir Scarpelli d’avoir osé l’aborder. C’est rare qu’un personnage défie la nature, se prend pour dieu et fini par en payer le prix. Une seconde… Frankenstein, Jurassic Park, Splice, Re-Animator, Species, Hulk, Spiderman, Manster, Alien: Resurection, Dr. Jekyll and Mr. Hyde, The Island of Dr. Moreau, Robocop, The Hollow Man et je suis sûr que j’en passe. La différence ici c’est qu’un dieu invisible, unique et omnipotent (c’est à dire Dieu) semble contrer ses entreprises savantes et couler son île. Pourtant, il m’apparaît évident que le Seigneur n’intervient pas dans les affaires terriennes. Il se contente de juger après coup.

Dans le même ordre d’idées, je crois que la personne responsable du casting voudrait reprendre les sélections qu’elle a fait pour cette production. Le jeu des acteurs formant la distribution est uniformément mauvais. Tous les interprètes semblent avoir été choisis davantage pour leurs attributs physiques (gros muscles, gros seins) que pour leur talent dramatique. Malgré leurs costumes étonnants et leurs répliques bancales, ils conservent une minent complètement sérieuse.

L’imposant Cameron Mitchell n’arrive même pas à se battre de façon convaincante. Les nombreuses scènes de combat dans lesquelles il s’implique se révèlent beaucoup moins spectaculaire que les mêlées égayant les épisodes de la série Batman (ère Adam West). La séquence où il est vaincu par des pygmées cannibales est particulièrement navrante.

Ce que le long métrage manque en originalité (ou qualité) narrative, il possède en ambiance. Décors, éclairages, costumes et musique s’agencent pour créer une atmosphère opprimante, digne des plus illustres contre-utopie (1984, THX-1138, Battlefield Earth).

Regardons, par exemple, les portes. Prenant la forme de gouttes d’eau et s’ouvrant comme une paire de ciseaux, elles semblent véritablement appartenir à une autre civilisation. On peut en dire autant de l’architecture des lieux où l’on retrouve des arches et des alcôves à toutes les deux verges. La profusion de ces ouvertures donnent l’impression que la ville est rongée par des vers. J’imagine facilement qu’il y a quelque chose de pourri à Metropolis.

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Si Paris est la ville lumière, Metropolis est la ville ténèbres. Des ombres masquent en partie les visages de ses plus intimidants résidents, ce qui leur confère des airs louches et menaçants. C’est surprenant que les lieux ne soient pas mieux éclairés puisque les scientifiques de Metropolis ont assurément bien étudié la lumière et lui ont trouvé toutes sortes d’utilités. D’une scène à l’autre, un faisceau lumineux est employé comme élément de torture, comme anesthésique, comme filet et enfin comme arme mortelle.

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Les costumes se démarquent par leur originalité. Durant les longs et ennuyants plans de dialogues, je me suis surpris à les admirer sous toutes leurs coutures. Ils ne semblent pas très confortables ou pratiques. Je ne crois pas que la serviette nouée autour des hanches du héros soit munie de poches. Quant aux uniformes des ministres, ils sont si imposants qu’ils gênent leurs mouvements. Soldats, scientifiques, ministres et citoyens doivent tous porter des uniformes identiques. Les seules à être privées de ce plaisir sont les demoiselles de la cour. Pour mon plus grand plaisir, elles portent de resplendissantes robes aussi brillantes que moulantes.

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En trois mots, la trame sonore est lente, répétitive et omniprésente. Bien qu’on peut la qualifier de désagréable, on ne peut nier son efficacité. Elle dicte l’ambiance lourde et étouffante qui règne dans ce royaume maudit.

Et justement, en montrant un univers oppressant, le film devient oppressant. Il en résulte un film lourd qui coule à pic lorsque torpillé par une énorme hypocrisie. Le héros lutte contre cette tyrannie au nom de Dieu. Mais y a-t-il plus grande dictature que celle d’un dieu? Mieux vaut ne pas regarder Giant of Metropolis trop attentivement. De cette façon, l’on peut apprécier les qualités plastiques de l’oeuvre sans souffrir de l’intrigue indigeste.