Breaking and Entering

Breaking and Enteing un film de Anthony Minghella avec Jude Law et Juliette Binoche, Royaume-Uni, 2006, 120 minutes.


Le parkour, cette technique de déplacement fluide et spectaculaire en milieu urbain est si populaire de nos jours qu’on la retrouve même dans le plus récent drame d’Anthony Minghella. Un jeune artiste de la discipline se sert de son talent pour cambrioler des entreprises de King’s Cross: un quartier pauvre de Londres. Pour sa plus récente victime, l’architecte Will Francis (Jude Law), cet événement provoque une crise d’identité. Les femmes qu’il rencontre alors qu’il enquête sur le crime, une prostitué (Vera Farmiga) travaillant à proximité de son bureau et la mère monoparentale d’origine bosniaque du voleur (Juliette Binoche), le pousse à se questionner sur sa vie familiale : est-il heureux auprès de son épouse suédo-américaine (Robin Wright Penn) et sa demi-fille aux tendances autistiques (Poppy Rogers)? Quant au voleur (Rafi Gavron), persistera-t-il dans cette voie au grand dam de sa mère qu’il adore?

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Ce drame s’inscrit définitivement dans l’air du temps. On y retrouve des éléments comme l’immigration, les familles reconstituées ou l’étalement urbain qui correspondent à des problématiques des plus actuelles. Sa distribution compte certains des acteurs les plus populaires des dernières cérémonies des Oscars (Jude Law, Juliette Binoche, Robin Wright Penn). L’oeuvre est scénarisée et réalisée par Anthony Minghela, un autre habitué des Academy Awards, et est produite et distribuée par Miramax et les frères Weinstein, qui au rythme où leurs productions collectionnent les nominations, semblent commandités par la cérémonie. En d’autres termes, les astres s’alignent pour que ce film accumule les statuettes. On pourrait même dire, un peu méchamment, qu’il a été créé à cet effet.

Sauf que, à la surprise générale, aucune reconnaissance ne leur vient des membres de l’Académie. Qu’est-ce qui cloche? D’abord, le film manque beaucoup de mordant. Le principal conflit n’a rien de celui de The English Patient ou Cold Mountain. C’est beaucoup plus mondain. Même que les ressources à la disposition du cinéaste paraissent exagérées comparativement à l’intrigue intimiste qu’il cherche à raconter. Les impressionnantes séquences de Parkour ou le design de production complexe de Alex McDowell (Fight Club, Minority Report) s’avèrent superflues.

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Ensuite, le personnage principal interprété sans trop de conviction par Jude Law ne parvient jamais à gagner notre sympathie. Du début et ce, presque jusqu’à la fin, il manque de jugement et prend des décisions étrangement douteuses qu’il justifie par l’expression suivante : «  I don’t know  ». Aussi, pour montrer à quel point sa vie va mal on nous le montre perpétuellement dépeigné et mal rasé. Après réflexion, ça devait être difficile de maintenir cette barbe de 2 jours à tous les jours. Jude Law n’est pas le seul acteur qui mine la crédibilité du film, le jeune Rafi Gavron a beau faire de son mieux mais son amateurisme transparaît. Seules Robin Wright Penn et Juliette Binoche, dans deux rôles de mères opposées, s’avèrent à la hauteur des espérances du film.

En somme, Breaking and Entering ne représente pas du tout un mauvais film. Son drame n’a rien d’une tragédie mais demeure intéressant et authentique. En vérité, une touche de réalisme à la sauce Dardenne ou Dogme aurait été appréciée.