Dans les villes, un film de Catherine Martin avec Hélène Florent, Robert Lepage et Béatrice Picard, Québec, 87 min.
Cinq ans après Marriages, Catherine Martin revient en force avec deux longs métrages en 2007. Le premier, une fiction nommée dans les villes (tout en minuscules), raconte comment le sort qu’on réserve aux arbres ainsi que les existences désolantes de ses voisins, une personne âgée qui n’attend que l’heure de sa mort, une jeune fille dépressive que sa mère n’arrive pas à comprendre et un homme (Robert Lepage) aussi aveugle que sensible peinent Fanny (Hélène Florent) au point qu’elle n’arrive plus à dormir tant elle pleure toutes les larmes de son corps. Quelqu’un saura-t-il apprécier son empathie?
Les personnages imaginés par la scénariste et réalisatrice s’avèrent à prime abord mystérieux et intéressants. Pourquoi la jeune fille se sent-elle mal dans sa peau? Quelle genre de femme était la vieille dame avant de n’attendre rien d’autre de la vie qu’elle finisse? Pourquoi Fanny est-elle si émotive? Qu’est-ce qui pousse un aveugle à prendre des photos qu’il ne peut admirer? Malheureusement, ces questions demeurent sans réponses, à moins que vous considériez « parce que c’est mon rôle » une explication valable.
Fait intéressant toutefois, Fanny agit comme un filtre entre les autres personnages et le spectateur. Elle atténue l’affect des malheurs présentés à l’écran. C’est difficile de partager la peine de quelqu’un qui est triste parce qu’elle partage la peine de quelqu’un d’autre. Ainsi, le visionnement de dans les villes demeure principalement une expérience contemplative. Vous serez donc à même d’étudier l’excellente direction photo de Carlos Ferrand avec ses multiples plans tableaux ainsi que le jeu techniquement irréprochable d’une excellente distribution.
Dans se drame existentiel sur l’humanisme, il n’y a pas de place pour l’humour. Vous n’entendrez aucun rires dans la salle de cinéma, que les soupirs des spectateurs mal préparés à apprécier une oeuvre pour cinéphiles avertis.