Crank

Un film de Mark Neveldine et Brian Taylor, avec Jason Statham, Amy Stuart et Jose Pablo Castillo, États-Unis, 2006, 87 min.


Dès les crédits d’ouverture inspirés des graphiques de la bonne vieille console ATARI 2600, la certitude de visionner un film fait sur mesure pour les victimes de déficits d’attention se fait envahissante. Plusieurs fusillades, poursuites, baises en public, combats à main nues et cascades plus tard, aucun doute ne subsiste. Sincèrement, ce n’est pas pour nous déplaire.

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L’intrigue, qu’on pourrait qualifier de simple fil conducteur, place Chev Chelios, un efficace tueur à gages, dans une situation fort désagréable. Comme Frank Bigelow dans le film noir classique D.O.A., Chelios s’est fait servir le Beijing Cocktail, un poison qui ne vous laisse que quelques temps à vivre. Si dans D.O.A., le héros employait ses dernières heures sur Terre à identifier son assassin, dans Crank, l’identité du coupable est déjà connue de la victime. Chelios est rancunier, il emploiera ses dernières forces pour se venger de Verona, un tueur à gages rival qui n’arrive pas à compléter une phrase sans y inclure motherfucker. Heureusement pour Chelios et les spectateurs, un de ses potes est médecin et lui explique que pour atténuer les effets du poison, il doit faire comme l’autobus de Speed et ne jamais ralentir. L’adrénaline le garde en vie. Vive le sexe, les drogues, le rock and roll et les coups de pied au cul.

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Jason Statham (The Transporter, Snatch) s’impose de plus en plus comme un champion du film d’action. Son sens de la répartie ressemble à celui de Clint Eastwood, dans les années ’70, mais avec un accent britannique. Heureusement, contrairement à d’autres chochotes comme le Governator, il ne connaît pas encore la définition du terme PG-13. Son personnage, un sacré fils de pute, sacre, sniffe de la coke (pour des raisons médicinales) et n’accorde aucune importance à la vie de qui que ce soit sauf celle de sa blonde.

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La réalisation des plus énergique cherche à transmettre la frénésie du personnage principal. En vérité, dans l’excellent supplément Crank’d mode (commentaire des réalisateurs, pendant qu’ils boivent de la bière), on apprend que les cinéastes visaient l’inverse. L’intrigue du film a été imaginée afin de correspondre au style visuel frénétique que Mark Neveldine et Brian Taylor, des anciens directeurs photo, avaient en tête. La rapidité démentielle du montage, les mouvements de caméra incessants ainsi que la formidable bande son où l’on entend du début à la fin (ou presque) les battements du coeur malade de Chelios contribuent à exciter les amateurs de film d’action et énerver les autres. Au niveau de la musique, les cinéastes se méritent des points bonis pour une hilarante et judicieuse utilisation de Achy Breaky Hearth.

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Comment aborder ce film sans mentionner ses inspirations de jeux vidéos? L’environnement californien, les nombreux vols de voiture, ainsi que les fusillades avec les forces de l’ordre ou les gangs rivaux rappellent Grand Theft Auto. Visuellement, les inserts d’un coeur qui bat, qu’on pourrait facilement associer à une barre de vie, resserrent ce lien. Au niveau de la narration, l’intrigue fonctionne par objectifs, comme pour les jeux vidéos. Par exemple, le (anti) héros doit aller chercher de l’épiphédrine à l’hôpital. Une fois cet objectif complété, il doit traverser la ville et aller sauver sa blonde. Et ainsi de suite, un tableau à la fois, jusqu’à la fin du film.

Tous ceux qui aiment les films d’action doivent louer ou s’approprier ce DVD. C’est un concentré distillé de tout ce qui constitue les meilleurs oeuvres du genre. Si ce n’est pas votre tasse de thé, visionnez La Neuvaine et faites de beaux rêves.