The Wind that Shakes the Barley

Un film de Ken Loach, avec Cillian Murphy et Padraic Delaney, Irlande, 2006, 127 min.


Irlande, 1919. Deux frères s’engagent dans la résistance armée contre les forces d’occupation britanniques. Teddy, un homme d’action et meneur d’hommes, dirige Damien, son cadet plus intelligent et sensible, ainsi que d’autres républicains révolutionnaires dans des opérations de guérilla. Mais la dissension naît dans le groupe suite au traité de paix négocié par Michael Collins. Certains, comme Teddy, voit en l’accord une chance de reconstruire le pays. D’autres, comme Damien, préféreraient continuer la lutte pour établir une république socialiste. À la guerre comme à la guerre. Les ennemis doivent être éliminés et les traîtres châtiés. Les règles d’engagement demeurent les mêmes, que les adversaires soient étrangers ou parents.

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Ce tragique récit de proches luttant les uns contre les autres n’a rien de très original. Il a malgré tout le mérite de ramener à la mémoire ces tristes évènements de l’histoire irlandaise. C’est déjà mieux qu’un autre film sur la Deuxième Guerre mondiale. Ce qui compte, c’est que le drame soit efficace. Réalisé sans concession par Ken Loach, The Wind that Shakes the Barley s’avère aussi violent et brutal que son sujet. Comment rester de glace face à des scènes d’oppression des plus barbares? Comment demeurer insensible lorsqu’un jeune homme doit tuer son ami sous prétexte qu’il a trahit la cause?

Visuellement, le film n’est ni plus original ni moins efficace que sa narration. La reconstitution d’époque est impeccable. Sans surprise, le vert s’impose comme la couleur proéminente du film. Les forêts et collines rocailleuses dans lesquelles se terrent les patriotes font écho au drapeau de la patrie qu’ils défendent.

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Tous les acteurs remplissent bien leur rôle, même le tueur de zombie comateux de 28 Days Later: Cillian Murphy. Trop souvent, dans ce genre de films, des fermiers, cheminots ou ouvriers prennent la parole lors d’assemblée et leurs discours enflammés nous touchent en plein coeur. Ici, les travailleurs bégaient lorsqu’ils parlent en public. Quant à l’accent irlandais, il est vaillamment défendu. Ne vous en faites pas, votre oreille s’y fera. Sinon, il existe des versions sous-titrés de l’oeuvre.

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Le titre du film provient d’un passage d’une chanson folklorique, plutôt d’une complainte, décrivant la honte et la tristesse des Irlandais militairement occupés. Le peuple d’Éire peut être fier de Loach, son film occupe les écrans du monde entier, a conquis la Palme d’or à Cannes et honore la mémoire des jeunes hommes et femmes qui sont demeurés fidèles à leurs racines.