The Namesake

Un film de Mira Nair, avec Tabu, Irfan Khan et Kal Penn, 2006, États-Unis, 122 min.


Gogol, un nom plutôt rigolo pour un écrivain russe qui ne l’était pas du tout. Dans The Namesake, l’adaptation filmique de Mira Nair du roman de Jhumpa Lahiri, le premier fils d’une famille indienne immigrée aux États-Unis se voit attribué cet étrange prénom par son père. Pour quelle raison? Vous devrez visionner le film (ou la bande-annonce) pour le découvrir…

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Heureusement, comme c’était le cas dans C.R.A.Z.Y., l’intrigue n’est pas centrée sur le nom du ou des personnage. Il s’agit plutôt d’une quête d’identité, et plus spécifiquement du rôle que joue la famille et la culture dans l’établissement de celle-ci. Loin d’être une comédie ou une tragédie, la force du récit réside dans l’authenticité de ses personnages. Papa Ashoke, maman Ahima, fiston Gogol et la cadette Soni forment les Guanguli, une famille américaine modèle. Si le destin de la cadette n’est pas vraiment exploré, c’est pour laisser davantage de place au trois autres personnages.

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Ashima, interprété sobrement par Tabu (comme Madonna et Prince, cette vedette de bollywood n’a que d’un prénom pour être reconnue), mène une vie à la fois bien rangée et bien remplie. Elle quitte son Inde natale et toute sa famille pour aménager à New-York avec son mari issu d’une union arrangée. Elle tient à demeurer en contact avec ses proches pour ne pas se sentir complètement étrangère dans son pays d’adoption. Que fera-t-elle quand ses enfants quitteront le nid et que son mari s’absentera pour enseigner à l’extérieur de la ville?

Interprété convenablement par Kal Penn, qu’on est davantage habitué de voir dans des comédies débiles (Harold et Kumar, Van Wilder), le fils représente le noeud de l’intrigue. Il saisit mal sa place dans le monde. Est-il Indien ou Américain, doit-il marier une Indienne ou une Américaine, doit-il se nommer Nick ou Gogol? Si enfant il préférait le prénom Gogol, plus vieux il lui préférera Nick, qui fait plus sérieux. Mais lequel lui convient le mieux? Il ne trouvera l’équilibre qu’en faisant ou vivant lui-même des expériences souvent décevantes.

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Quant au père (Irfan Khan), il a appris de son grand-père que les livres permettaient de voyager sans se déplacer. Lui a compris que les avions permettaient de voyager en lisant, ce qui est encore mieux. Il a choisit de s’établir aux États-Unis pour la plus naïve et merveilleuse des raisons, l’Amérique est la terre des opportunités. Il a offert à son fils la chance de devenir ce qu’il désire.

Pour conclure, le film n’est pas sans faiblesses, la principale étant l’incapacité de la réalisatrice Mira Nair à employer le dispositif filmique pour ajouter au contenu du roman. Au contraire, comme c’est souvent le cas, l’intrigue du film ressemble à un condensé Reader’s Digest de l’oeuvre littéraire originale. Malgré tout, elle soutire de ses acteurs des performances inspirées et parvient à filmer des images magnifiques de l’Inde. Et si, les actions ou réflexions des personnages s’avèrent tronquées, ils demeurent suffisamment riches pour être compris et aimés des spectateurs.