The Lookout

Un film de Scott Frank avec Joseph Gordon-Levitt, Mathew Goode et Jeff Daniels, États-Unis, 2007, 98 min.


Il était le roi du lycée, le joueur vedette de l’équipe de hockey, le jules de la plus belle fille de l’école, le fils gâté de parents riches. L’avenir lui souriait, jusqu’à ce qu’il fasse l’idiot dans sa mustang neuve et fonce dans une moissonneuse batteuse.

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Aujourd’hui, Chris Pratt (Joseph Gordon-Levitt de 10 Things I Hate About You) est concierge dans une banque. Les traumatismes crâniens qu’il a subit dans l’accident l’empêche de vivre une vie normale. Son manque inhibition le place dans des situations difficiles avec l’autre sexe. Après tout, ce ne sont pas toutes les filles qui aiment se faire dire: «  j’ai imaginé te baiser tout l’après-midi  ». Ensuite, son absence de mémoire à court terme lui nuit énormément; il oublie toujours ses clés dans son auto. Enfin, il maîtrise très mal ses émotions, s’énervant pour un rien ou pleurant sans raison. Si ce n’était pas de Lewis (Jeff Daniels), son colocataire aveugle, Chris Pratt n’aurait aucun ami.

Puis apparaît le mystérieux Gary Spargo (Mathew Goode de Match Point). Le sympathique garçon se lie d’amitié avec l’infirme et lui présente une aguichante ancienne danseuse (le genre avec un poteau) de laquelle il tombe sous le charme. Gary encourage même Chris à mener une existence moins déprimante. Pour y arriver, il n’a qu’à l’aider à cambrioler la banque pour laquelle il travaille.

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Ce film en est un de scénariste. L’intrigue et les personnages sont clairement et professionnellement définis. Aucun de leurs gestes ou de leurs paroles ne s’avèrent superflus, tout est calculé pour contribuer à l’histoire. Ce n’est pas vraiment surprenant compte tenu que le réalisateur Scott Frank est lui-même le scénariste qui a adapté Minority Report et Out of Sight pour le grand écran. D’un côté, cette précision formelle contribue à la constitution de personnages riches et intéressants, avec des défauts et des faiblesses qui les rendent crédibles. De l’autre, cette scénarisation excessive agace comme un orateur qui reste les yeux collés sur son discours. Quant à l’histoire, elle combine habilement l’émotion d’un drame sur un handicapé à la tension d’un film de vol de banque. Que vous aimiez vos films sensibles ou divertissants, vous risquez d’apprécier.

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Par contre, le travail de réalisateur ne se limite pas qu’aux aspects techniques du film, il doit aussi savoir diriger les acteurs. À ce niveau, on le suppose un peu défaillant. Les interprètes déjà reconnus pour l’excellence de leur travail, comme Jeff Daniels et Mathew Goode, brillent ici comme ils le devraient. Les autres, qu’il s’agisse du héros infirme, de la blonde plantureuse ou du bras droit du méchant, offrent des performances bien peu convaincantes.

Dans le même genre de film, Memento se démarque. La forme du suspense de Scott Frank est loin d’être aussi originale que celle du classique de Christopher Nolan. Des mauvaises langues pourraient aussi ajouter que, à l’image du héros, vous risquez d’oublier rapidement le film après l’avoir vu. Mais n’est-ce pas là le sort de la plupart des produits hollywoodiens? Au moins celui-ci a le mérite d’être bien ficelé.