Molière, un film de Laurent Tirard avec Romain Duris, Fabrice Luchini, Laura Morante, Edouard Baer, Ludivine Sagnier et Fanny Valette, France, 2006, 120 min.

Les Français maîtrisent la science du film d’époque avec une facilité déconcertante. Molière ne fait pas exception. Décors, costumes et dialogues concordent à donner au film un air d’authenticité. Toutefois, une déception guette les amateurs de biographies historiques. Molière, comme c’était le cas avec Shakespeare in Love, est avant tout une fiction sur fond historique.

Laurent Tirard, le co-scénariste et réalisateur explique: «  Il nous fallait orchestrer une rencontre imaginaire entre l’auteur et son oeuvre. Ce film devait avoir l’esprit des pièces de Molière et en même temps, refléter notre point de vue sur lui  ».

Ce pari risqué l’amène à imaginer l’intrigue d’un riche bourgeois (Fabrice Luchini) qui acquiert les services d’un Molière endetté (Romain Duris) afin de monter un numéro théâtral qui épatera l’élue de son coeur: Célimène (Ludivine Sagnier). Or, l’entreprise devra demeurer inconnue de la femme de l’hypocrite bourgeois, Elmire (Laura Motante). Ainsi, pendant le temps que durera l’éducation aux arts dramatiques de l’aspirant séducteur, Molière devra se déguiser en dévot.

Nul besoin d’être aussi doué que Jean-Baptiste Poquelin pour savoir exploiter ce contexte fertile et cultiver les quiproquos et situations cocasses qui y foisonnent. Les performances inspirées des Luchini, Sagnier, Duris et Baer, assurent l’efficacité de la comédie. Laurent Tirard parvient à ajouter un deuxième niveau d’écoute en multipliant les références aux comédies de Molière, notamment à Tartuffe.

En offrant une amusante introduction à l’oeuvre et à la vie du grand maître, Laurent Tirard remporte la mise. Drôle et charmant, Molière séduira les âmes les plus récalcitrantes. Le film portant son nom en fera tout autant.